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Accord agricole avec le Maroc : Examen de terrain par les députés membres du groupe d’amitié UE-Maroc

4 Avr

Lors de la signature de l’accord commerciale entre l’Union Européenne et le Maroc, beaucoup de voix, José Bové en tête, ont clamé leur indignation vis-à-vis d’un accord dangereux pour les petits exploitants agricoles marocains. Face à de telles accusations, le groupe d’amitié UE-Maroc a voulu profiter de son déplacement dans le Royaume pour se faire un avis objectif sur la question. C’est ainsi, que notre délégation s’est rendue à Kenitra, dans la région Gharb, pour visiter trois exploitations agricoles.

Indéniablement et en déplaise à certains parlementaires européens, le Royaume du Maroc a su s’adapter pour sauvegarder les petits exploitants en général et favoriser le commerce en particulier. Loin des accusations infondées de certains groupes politiques au Parlement européen, le Maroc a adopté en 2008 une stratégie pragmatique et bénéfique pour le plus grand nombre de ses concitoyens : le Plan Maroc Vert. Ce dernier assure des retombées positives issues de l’accord agricole pour l’ensemble d’un secteur qui emploie près de 4 millions de personnes et représente 19% du PIB au Maroc.

Le Plan Maroc Vert repose sur deux piliers fondamentaux : le premier qui a pour objectif le développement d’une filière moderne et compétitive adaptée aux règles du marché, le second dont l’objectif est la mise à niveau des acteurs fragiles et la lutte contre la pauvreté rurale.

Le fort morcellement des propriétés foncières au Maroc ainsi que le faible niveau d’investissement pouvaient effectivement laisser penser que les accords commerciaux aller profiter aux exploitations les mieux organisées répondant aux standards de l’économie globalisée. Cependant, un des fondements du Plan Maroc Vert, le principe de l’agrégation permet de pallier à ces problèmes. En effet, un peu sur le modèle des coopératives en France, l’agrégation repose sur le fait d’intégrer un certain nombre d’agriculteurs (agrégés) autour d’un acteur (agrégateur) disposant d’une forte capacité managériale, financière et technique lui permettant d’optimiser le processus de production. En somme, ce système donne la possibilité aux petits exploitants marocains de profiter de l’expertise et des moyens de financement auxquels ils n’avaient auparavant jamais eu accès.

C’est au final un moyen efficace pour intégrer au mieux les exploitants traditionnels du Maroc dans le système économique mondial et les faire profiter des accords commerciaux agricoles avec l’Union Européenne.

Notre délégation de parlementaires européens a pu constater les bénéfices et la mise en œuvre de ce plan au travers d’une série de visite dans des exploitations agricoles marocaines :

  • La filière fraise de la International Fruit Sourcing :


Dans ce projet, l’agrégateur fournit  une location, une certification ISO 22000 aux agrégés qui eux s’occupent de la plantation et de la fourniture des fraises à l’aide d’un préfinancement de l’Etat de 8 millions de Dirhams. Ce projet a permis l’obtention d’un contrat d’export de 3 ans avec Danone qui bénéficie à toute la filière.

  • Le centre de développement et de valorisation des produits de terroir 

Ce projet est destiné à aider la femme rurale marocaine à travers une valorisation efficace de leur savoir-faire dans la confection de la semoule de couscous. Pour arriver à ses fins, le centre regroupe les petits producteurs sur un même espace, propose formation et encadrement et organise des circuits de commercialisation. L’État marocain a financé ce projet à hauteur de 3,7 millions de Dirhams contre 0,05 millions de Dirhams de la poche des bénéficiaires. Ce projet a permis à la production de semoule de s’étendre d’une période de seulement 2 mois à une période de 12 mois. De même, le salaire de la femme rurale passe de 2450 Dirhams par mois à 8000 Dirhams par mois.

  • Une ferme productiviste, la filière lait de la société Bassita :

Avec un fort investissement de 75 millions de Dirhams, la filière lait de cette société s’est modernisée rapidement. Acquisition de génisses performantes, construction d’étables modernes, réaménagement des bâtiments d’élevage… ont permis de changer le mode de production classique de la filière lait. La filière escompte passer d’une production annuelle de 6 millions à 20 millions de litres de lait par an d’ici 2020. Surtout, ce projet est à l’origine de la création de 115 emplois dans la région.

Toutes ces exploitations associent les petits et les grands exploitants pour un commerce raisonné et pragmatique au bénéfice de tous. Ces constations infirment par les faits les propos tenus au Parlement européen, sur l’inégalité supposée des bénéfices de l’accord agricole entre l’UE et le Maroc, par des députés parfois coupés de la réalité du terrain…